

Chaque année, Alexandre Morin conçoit des cuvées méditerranéennes qu’il transporte à la voile pour mieux concilier artisanat viticole, exigence environnementale et engagement solidaire.
Dans un monde où les flux logistiques mondiaux pèsent lourdement sur le climat, Alexandre Morin, ancien sommelier de haute volée, a choisi une autre voie. Littéralement. Depuis 2022, il expédie ses vins exclusivement à bord d’un voilier marchand, le Barbaranova de la coopérative Bourlingue et Pacotille, renouant ainsi avec une forme ancienne de commerce, remise au goût du jour par les impératifs écologiques.
Son projet, baptisé Le Vin Vogueur, est le fruit d'une double ambition: viticole et environnementale. Chaque cuvée est sélectionnée selon des critères stricts : agriculture biologique, vinification sans intrants, levures indigènes, production limitée à quelques centaines de bouteilles. En 2024, c’est en Sardaigne, dans les terroirs arides de Donori, au nord de Cagliari, qu’il a trouvé matière à composer une série de vins fidèles à cette philosophie.
Des cuvées rares, entre mer et maquis
Au programme de cette édition méditerranéenne : un blanc tendu et salin mêlant Vermentino et Semidano, un rouge charnu à base de Bovale et Cannonau, et deux pétillants naturels à base de Moscato ou de Nuragus, un cépage autochtone aux accents d'abricot et d'épices orientales. Chaque vin porte l’empreinte d’un travail artisanal, sans concession : longues macérations, élevages sur lies, aucun ajout de soufre pour les bulles. Le tout mis en bouteille début 2025, puis transporté depuis Cagliari jusqu’à Marseille à la force du vent.
Ce mode de transport, opéré en partenariat avec la coopérative Bourlingue & Pacotille, n’a rien d’un gadget. « Une bouteille de vin parcourt parfois plusieurs milliers de kilomètres en camion ou en cargo. Ici, chaque trajet est pensé pour minimiser l’empreinte carbone au maximum », explique Alexandre Morin. Le Vin Vogueur revendique ainsi un bilan carbone quasi nul pour son édition 2025, sans recourir à la compensation mais en réduisant les émissions à la source.
Du vin, mais aussi une cause
Le projet ne se limite pas à l’écologie. Comme vous le savez sur Goodness, l’intégralité des bénéfices générés par nos ventes sont reversés à des associations partenaires.
C’est L’Assiette, structure engagée dans l’éducation à l’alimentation durable, qui bénéficiera du soutien du Vin Vogueur. Ses actions auprès des enfants, familles et professionnels de santé entendent reconnecter les citoyens à leur alimentation, du champ à l’assiette.
« L’idée n’est pas de faire un vin d’auteur ou de prestige, mais de relier des gestes vertueux – viticulture, transport, pédagogie – dans une chaîne de sens complète », résume Morin.
Une étiquette manifeste
Cette cohérence se traduit jusque sur l’étiquette. L’illustration, signée Paolo Marchi, prend la forme d’un triptyque imprimé sur les bouteilles. On y devine une procession carnavalesque inspirée des rituels sardes, un clin d’œil à la fois spirituel et graphique à cette aventure collective.
En marge des standards commerciaux, Le Vin Vogueur trace ainsi un sillon singulier dans le paysage du vin. Un projet à la fois politique, poétique, logistique et sensoriel – rare et précieux à l’heure de l’urgence climatique.
Pour en savoir plus
- Suivez le Vin Vogueur sur Instagram
- France Inter, "On va déguster", Justine Klapp s'intéresse au Vin Vogueur
- Reportage de France 3 sur le convoyage des vins