Qui a encore peur du méchant (Bordeaux) rouge ?
on April 22, 2025

Qui a encore peur du méchant (Bordeaux) rouge ?

(C’est pas nous, c’est pas nous)

La terreur du terroir.

Bordeaux, territoire barbare où l’assemblage fait la loi. Le terroir n’existe plus, absorbé et lissé par les multiples actions de ses terrifiants vinificateurs, n'hésitant pas à mêler sols et cépages dans des cuves rappelant des chaudrons bouillonnants.

Même s'il peut parfois paraître caché face à d'autres régions, ici aussi, le terroir et les parcelles existent et s’expriment ! Lorsque l’on mène l’enquête et qu’on ose poser des questions, très peu dérangeantes, chaque propriété garde une carte au trésor bien précise de son parcellaire. Les cépages sont plantés avec sagesse et savoir-faire, en fonction de la nature des sols, de l’inclinaison de la parcelle, voire de l’implantation d’un cimetière indien.

Une carte des sols, pleine de pièges variés (calcaires à astéries pour les merlots de la rive droite, à ne pas confondre avec les calcaires de Saint-Estèphe, datant de l’Éocène — donc plus jeunes de quelques millions d’années...), nous en apprend beaucoup sur la diversité de Bordeaux, et explique pourquoi un vigneron qui travaille bien ne fera pas le même vin que son voisin.

L'assemblage est la règle à Bordeaux, mais pour sublimer le terroir, pas le cacher derrière une pratique œnologique.

Massacre au pulvérisateur.

Au fin fond du vignoble bordelais, des villageois font une découverte macabre : leurs voisins vignerons profanent la nature en traitant la vigne avec des pulvérisateurs destructeurs. Quelles sont ces substances maléfiques qu’ils propagent ainsi ?

Bordeaux garde une image associée aux produits phytosanitaires, aux traitements incessants et irraisonnés. Mais depuis quelques années, la transformation est en cours. Les domaines se tournent vers le bio, les institutions les soutiennent. Fin 2024, la région bordelaise était la première de France en agriculture biologique. Les interprofessions encouragent, soutiennent et créent des démarches environnementales.

En fin d'année dernière, plus de 75 % du vignoble girondin était certifié selon une démarche environnementale, contre seulement 35 % dix ans plus tôt. Certes, peut-être qu'une trop grande profusion de labels perd le consommateur ?

Concrètement, un quart des surfaces viticoles de Bordeaux sont conduites en agriculture biologique, au-dessus de la moyenne nationale de 21,5 %. Bordeaux serait-il un bon élève ?

Prix sanglant.

À Bordeaux, un tueur sans scrupules rôde au cœur de la Place. Sanglant et sans pitié, il frappe grands et petits sans sourciller. Son nom : le Prix. Il fait couler beaucoup d’encre ; tous les ans, au printemps, les primeurs transforment le mondovino en bain de sang.

Bordeaux, c’est plus de 5 400 producteurs de vins. Les campagnes primeurs, grand événement annuel de Bordeaux, qui servent autant d’action de communication que de mise en marché, concernent environ 200 producteurs — ceux qui représentent la majeure partie de la valeur.

Se dire que Bordeaux, c’est trop cher, c’est regarder une carte avec des œillères. Comme si dire que la France, c’était uniquement Paris.

Bordeaux, c’est plus de 117 000 hectares de vignes, et autant d’écarts de prix (ou presque). Les résultats “prix vin Bordeaux” d’une recherche sur Ecosia sont majoritairement des sites e-commerce vantant les “meilleurs prix” ou des articles mettant en avant “le top 15 des vins de Bordeaux à moins de 15 €”.

Bordeaux propose donc parmi les vins les plus chers et les moins chers de France. Les excellents rapports qualité/prix y sont légion !

Tanin acéré.

Rôdant au cœur de la nuit, il assèche votre bouche et vous assène un coup de massue si vous n’y prenez pas garde. Guettant la moindre occasion pour se rappeler à votre bon souvenir, il n’hésite pas à transformer une gorgée de délice en supplice.

Puissant. Intense. Structuré. Complexe. Rustiques dans leur jeunesse, ils s’affinent avec le temps pour apporter élégance et complexité. Parle-t-on d’un baryton ou d’un fromage ? Presque : c’est le tanin.

Composant indispensable des vins rouges de Bordeaux, il nécessite du travail à la vigne et au chai. Naturellement présent dans le raisin, il peut parfois prendre le dessus sur le reste de la composition du vin et masquer les arômes du fruit.

Question de goût et de style : certains vins à Bordeaux consacrent encore la plus haute marche du podium aux tanins, mais aujourd’hui, le style a évolué vers des vins plus équilibrés, où le tanin laisse la place au fruit, à la fraîcheur, à la gourmandise.

Avant, il fallait attendre 20 ans pour boire les Bordeaux ; aujourd’hui, on peut les boire pendant 30 ans et découvrir avec bonheur leur évolution au fil des années.

Un millésime plus tard.

Le virus du Bordeaux bashing frappe encore. Dans les salons professionnels, les vendeurs errent sans but, à la recherche d’un bon de commande. Les négociants et commerciaux parcourent le monde pour démarcher et faire redécouvrir Bordeaux.

Aujourd’hui, les vignerons font bouger les lignes ! Petits producteurs indépendants et grandes propriétés familiales s’engagent pour faire découvrir leurs vins et faire évoluer les idées sur Bordeaux. Ici, les vins sont bons, se boivent et se partagent; ici, les vins et les personnes qui les font ont des histoires et des passions à partager; ici, demain s’écrit aujourd’hui, et on est très fiers de vous partager ces bouteilles de passionnés sur Goodness.

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