on May 27, 2025
Discrète, accessible, sans bling ni grand crus tapageurs, mais bourguignonne, ô combien.
La Côte Chalonnaise, c’est cette bande de vignes posée sur des coteaux calcaires, longue de 25 km et large de 7, où les vignes se mêlent aux bois et aux champs. Une mosaïque de paysages et de climats, concentrée, vibrante, vivante. Une Bourgogne au naturel.
On y trouve 6 des 84 appellations bourguignonnes, quelques premiers crus, pas de grands crus, mais une ribambelle de vignerons inspirés et des négoces de talents (n’est ce pas Marthe-Henry ?) C’est ici qu’il faut venir lorsqu’on cherche des vins sincères, des domaines de confiance, des prix encore doux, et des émotions fortes. Une Bourgogne plus libre, plus terrienne.
Montagny : tout au sud, tout en blanc
Au sud de la Côte Chalonnaise, Montagny est une appellation 100% Chardonnay. Pas un rouge à l’horizon, seulement des blancs, tendres, droits, chéris depuis longtemps — déjà par les moines de Cluny. Sur 360 hectares, on compte 52 climats classés en Premier Cru.
La coopérative y est présente, les négociants aussi, mais les vignerons indépendants gagnent en visibilité. Le Domaine Berthenet et le Domaine Feuillat-Julliot incarnent cette nouvelle génération enracinée. À suivre de près également : Maxime Cottenceau, jeune vigneron prometteur formé chez Dureuil-Janthial, qui signe des vins d’une justesse remarquable.
Givry : le cœur, rouge passion
Givry, c’est le Pinot Noir dans ce qu’il a de plus bourguignon : frais, dense, tendu, expressif. Une appellation très ancienne, déjà prisée à la cour d’Henri IV.
Mon coup de cœur personnel ? Le Domaine Joblot. Incontournable. Juliette Joblot, aujourd’hui à la tête du domaine familial, élabore des vins ciselés, profonds, intenses, mais jamais démonstratifs. À ses côtés, le Domaine François Lumpp propose une autre lecture : plus structurée, plus austère parfois, mais de grande garde.
Givry, ce sont aussi 38 climats en Premier Cru, et une génération de jeunes vignerons qui prennent le relais avec ferveur.
Mercurey : grandeur en mutation
La plus vaste et la plus productive des appellations de la Côte Chalonnaise, avec plus de 600 hectares, dont un quart en Premier Cru. Longtemps marqué par une image un peu rustique, Mercurey s’est métamorphosé.
Des vignerons comme Bruno Lorenzon, Laurent Juillot ou David Lefort redonnent noblesse à ce terroir complexe, fait d’argiles, de marnes et de calcaires.
Aujourd’hui, les rouges de Mercurey allient puissance et finesse, des tanins mûrs et des textures souples. Les meilleurs Premiers Crus n’ont plus rien à envier à ceux de la Côte de Beaune… sauf peut-être leur prix.
Rully : la fraîcheur calcaire
Juste au nord de Mercurey, Rully étend ses vignes sur les premiers contreforts de la Côte. Ici, le Chardonnay règne à nouveau, dans des blancs ciselés, expressifs, souvent tendus. Le Pinot Noir y existe, mais reste discret.
Références majeures : le Domaine Dureuil-Janthial, qui frôle l’excellence aussi bien en blanc qu’en rouge et un coup de cœur absolu, et le Domaine Paul et Marie Jacqueson, pilier historique de l’appellation. Deux signatures incontournables.
Bouzeron : l’îlot doré de l’Aligoté
Tout au nord, Bouzeron est un cas à part. Une appellation dédiée uniquement à l’Aligoté doré, plus aromatique, moins acide, et injustement boudé ailleurs.
Ici, pas de vin de comptoir. Plutôt des blancs salins, minéraux, au nez d’agrumes et de fleurs séchées. À table, ils brillent.
Le Domaine de Villaine – d’Aubert de Villaine, co-gérant du domaine de la Romanée-Conti – a porté l’appellation à bout de bras. Aujourd’hui, d’autres prennent le relais avec talent, comme le Domaine Cruchandeau.
Ni prétentieuse, ni marketing, la Côte Chalonnaise est une terre de vignerons, de transmission, de patience.
On y sent la liberté de ceux qui ne courent pas après les étoiles, mais visent juste. Une Bourgogne moins formatée, plus humaine.
Pour les amateurs curieux, c’est un paradis d’équilibre entre prix, plaisir, et personnalité. Une Bourgogne qu’on déguste avec le sourire et qu’on partage sans complexe.